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Bombay : Portrait d'une ville aux 1000 faciès

  • Photo du rédacteur: félicité Dussel
    félicité Dussel
  • 13 sept. 2023
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 nov. 2023

19 décembre 2022


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Mumbai, India


Retour en Inde après 1 mois passé au Népal. C'est à Mumbai, que j'ai défait ma valise.

Très vite, l'excitation de mon retour s'est mélangé aux angoisses nées du bruit, du monde, de l'immensité d'une ville dans laquelle je me sens perdue souvent et seule, tout le temps.


Se frayer un chemin dans la foule "mumbaiesque" où les corps circulent aléatoirement sans se soucier du votre. Trouver son train dans la gare aux quais infinis, où les annonces sonores n'osent à peine les voix de la horde passagère. Traverser maintenant ou jamais, face aux voitures qui ne s'arrêtent pas mais dont le klaxon gronde sans cesse.

Tout est aventure dans laquelle on est plongé d'un coup, sans prévenir.


Néanmoins, j'apprécie le charme de Mumbai. Le mix inter-culturel et social qui y grouille en fait une ville aux milles visages.


Dans cette ville des extrêmes, la précarité profonde des bidonvilles contraste avec la luxure indécente des grattes ciels que l'on admire le long de la Marine Drive. L'immensité des premiers qui enlacent la capitale et l'imprègnent de l'intérieur même, fait face à l'infinité des seconds, qui me donnent le vertige. Ville de croissance, elle s'habille de constructions prises dans une sorte frénésie folle. A l'image du pays qui ne s'arrête jamais.



En me baladant dans le quartier chic de Colaba, situé au sud de Mumbai, l'architecture des immeubles m'interpelle. Le style très 70's de certains détonne avec les hôtels New generation qui se dressent un peu partout. Des immeubles délabrés, assombris par une épaisse couche de pollution ont en vis-a-vis des penthouse illuminées.

A leurs pieds, les tuktuk de fortune se mélangent aux 4x4 imposant et aux moteurs rugissants. Une vaste trainée de fumée suffit à tout troubler derrière eux.

Puis, au milieu de la circulation, une charrette poussée à la force des bras d'un homme âgé se fraie un chemin mortifère. La précipitation des voitures flambantes n'effraie pas l'homme du passé. La vitesse importe peu à celui qui paraît avoir porté cette charrette sa vie entière. Comme si la tradition n'abdiquait pas de sa confrontation au moderne.


Cette tradition me percute sans cesse. Même dans les quartiers les plus huppés de la capitale, l'éternel art de vivre à l'indienne apparaît inflexible. Elle continue de vivre à travers les tenues, la manière de manger partout, ensemble, par terre, par la manière d'interpeller l'autre, de manière directe sans se fatiguer de formules de politesse jugées inutiles - faisant perdre trop de temps peut-être - par la musique bollywood s'échappant au travers des fenêtres.

La tradition c'est aussi celle de la sieste. Un peu partout les hommes éreintés du travail sous une chaleur de plomb, font la sieste. Allongés à même le sol ils semblent morts quelques fois. Inertes, ils dorment la tête sur le bitume comme si la pierre était confortable. Ou alors le confort ne les inquiète pas.


La rudesse de la vie d'une partie de la population est frappante et donne lieu à des situations insolites. Au détour d'une rue, les vitres lustrés du Hyatt Hotel, érigé en face d'une famille de mendiants reflètent si nettement leur image qu'on pourrait les croire dedans. Tandis qu'un employé aux pieds nus, dresse une publicité pour un fonds d'investissement sur le mur d'un vaste bâtiment : "quel que soit votre rêve il y a une solution pour vous", peut-on y lire en majuscules. Des scènes ironiques, absurdes parfois.


Et pourtant ça ne choque pas.


Tout semble ici contredire les codes occidentaux qui consistent à séparer, compartimenter scrupuleusement riches et pauvres. A faire en sorte que la pauvreté nauséabonde ne vienne pas gangrener les quartiers huppés indolores et calfeutrés. Eviter que ces 2 mondes n'entrent pas en conflit.


Ici tout se mélange. Et pourtant, le conflit n'est pas. Personne ne sourcille à la vue de l'enfant à moitié nu qui traverse la rue, ni de la famille qui prépare son repas à même le sol sur lequel la vache ou le chien errant ont aussi élu domicile. Pas même de ce business man au costume rigide entassé dans un tuktuk vacillant.


Ici, tout se mélange, se chevauche, s'entremêle.


Si Mumbai était une boîte elle serait de celle où l'on range tout. Un débarras de souvenirs nostalgique auquel on reste obstinément attaché. Des bijoux oubliés, des câbles en pagaille et des pages de carnet brouillonnées d'histoires qui appartiennent au passé, au présent et au futur.


Elle serait de celle où l'on fouille pour que la main se pose tout à coup sur un objet qui n'a rien à faire là. De celle qui renferme tout, mais des trésors surtout.



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