Les recycleurs invisibles du Caire
- félicité Dussel
- 3 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mai

À la périphérie du Caire, dans le quartier de Manshiyat Naser, surnommé « la ville des ordures », vivent environ 60 000 Zabaleen, principalement des chrétiens coptes. Leur quotidien s'articule autour de la collecte et du recyclage des déchets, transformant ainsi cette zone en un véritable centre de tri à ciel ouvert.
L’existence de ce quartier est le fruit de l'absence d'un système efficace de gestion des déchets dans la capitale égyptienne, une mégapole de près de 20 millions d’habitants, où le ramassage des ordures n’a jamais été correctement organisé.

Ainsi, depuis des décennies, les habitants de Manshiyat Naser se sont organisés pour combler ce vide, malgré l'absence de services de base tels que l’eau courante, l’électricité ou les égouts. Grâce à un sens aigu de l’organisation, ils ont créé une économie autour de cette activité de recyclage, tissant des liens solides dans leur communauté.
Chaque matin, les familles se lèvent avant l’aube pour partir en charrettes tirées par des chevaux ou en camions, sillonnant les rues du Caire pour collecter les ordures. Un service porte-à-porte, modérément rémunéré, mais essentiel. Une fois rentrées, elles trient méthodiquement les déchets, recherchant avec précision ce qui peut être recyclé. Traditionnellement, la collecte des ordures est l'apanage des hommes, tandis que le tri incombe aux femmes et aux enfants.

Les Zabaleen parviennent à recycler plus de 80 % des déchets qu’ils récupèrent, un taux bien supérieur à celui observé en Europe. Cette efficacité remarquable fait de ce quartier un modèle de recyclage, loin des pratiques habituelles des grandes villes.
Pourtant, la vie à Manshiyat Naser est loin d’être facile. L'odeur insupportable des ordures en décomposition et les risques sanitaires qu'elles génèrent pèsent lourd sur les habitants. Mais ces dernières années, la situation s’est compliquée. Depuis que le Caire a décidé de confier la gestion des déchets à des entreprises privées, la concurrence s’est intensifiée, rendant le quotidien des Zabaleen de plus en plus difficile.
Enfin, la guerre au Soudan a provoqué l’arrivée de réfugiés soudanais, dont la majorité sont des mineurs. Certains d’entre eux ont trouvé refuge à Manshiyat Naser, ajoutant une nouvelle couche de précarité à un quartier déjà marqué par les défis sociaux et économiques.
Garbage city - Cairo’s Unseen Recyclers

On the outskirts of Cairo lies Manshiyat Naser, also known as « Garbage City ». Around 60,000 Zabaleen, predominantly Coptic Christians, have built their lives in the slum around collecting and recycling the city’s waste.
The reason why such a place exists is the result of the Cairo Metropolitan Area having never established an efficient garbage collecting system, despite having a population of nearly 20 million. The inhabitants of Manshiyat Nasser have thus filled this gap for numerous decades.

Despite lacking basic infrastructure like running water, sewers, and electricity, they have succeeded in creating an entire economy thanks to a great organization. Each morning, families set out in horse-drawn carts and trucks to collect rubbish from the city. It is a door-to-door service in exchange for a small fee.

Once home, they sort the garbage for recyclable material. The collecting of the trash is traditionally the men’s work, while women and children sort the garbage. Remarkably, the Zabaleen recycle over 80% of the garbage they collect, a rate significantly higher than the European average. However, life in Manshiyat Naser is challenging for a number of reasons, including the nauseating smell of rotting garbage or the high risk of disease transmission from it. Moreover, in recent years, the Zabaleen’s situation has deteriorated. Especially since Cairo has started to hire private companies for garbage disposal, creating competition that the Zabaleen struggle to handle.
Because of the war happening in Sudan some Sudanese who fled to Egypt have started living and working here. Most of them are underage.




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